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  René Manzor

Monsieur N.

Extrait du dossier de presse, Février 2003

Interview 1

ANTOINE DE CAUNES, Réalisateur

Avez-vous beaucoup hésité avant d’accepter le scénario de Monsieur N. ?

Antoine de Caunes : « Je n’ai pas hésité une seule seconde ! J’ai reçu le scénario un lundi soir. Je l’ai lu trois fois dans la nuit. Le mardi matin à huit heures, j’ai réveillé les producteurs pour leur dire oui tout de suite. J’ai eu un coup de coeur total pour ce scénario ! Je l’ai lu comme on peut lire les romans d’Alexandre Dumas ou de Stevenson. Et pourtant, on sait à quel point la lecture d’un scénario peut parfois être aride. Malgré cela, je tournais les pages comme si elles me brûlaient les doigts. Non seulement j’ai adoré le scénario, mais en plus, je n’en revenais pas de la chance qui m’était accordée. Je me disais : "Pourquoi moi ? Pourquoi me donnent-ils cette chance-là ?" C’était vraiment un cadeau du ciel ! Je n’ai donc pas eu une seule seconde d’hésitation, même si j’avais vraiment une trouille bleue devant l’importance du sujet.

Qu’est-ce qui vous a le plus séduit dans ce scénario ?

Tout ! C’est un scénario de René Manzor. Il est magnifiquement écrit et très bien construit. Il est captivant, romanesque. On tourne les pages comme dans un thriller pour savoir ce qui va se passer ensuite et on ne tombe jamais dans la reconstitution historique pédante, dans le côté "statue de cire qui s’exprime par aphorisme". On est près de l’émotion des personnages, en permanence, que ce soit du côté anglais que du côté français. Ce sont des qualités rarissimes dans les scripts. Et j’en lis pas mal. Alors, lorsqu’un script de cette qualité vous passe entre les mains et qu’en plus on vous propose de le tourner, je peux vous dire que ça fait vraiment quelque chose. Ce qui m’intéressait avant tout, c’était de coller au plus près des personnages, de raconter une histoire autour de la question que pose Napoléon dans le film : "Comment un homme qui a eu le monde entre ses mains peut-il accepter de n’être plus rien ?"

Comment avez-vous choisi de filmer ?

Je n’avais pas tellement d’autres choix pour réaliser cette histoire que de rester dans la simplicité, de faire confiance au cadre, au jeu, et ne pas faire le malin avec les mouvements de caméra. De même, à partir du moment où l’on raconte une histoire où le principe de narration est que l’on n’est pas tout à fait sûr de ce que l’on voit, où l’impression "d’avoir vu" prévaut sur "ce que l’on a vu en réalité", cela motive un choix de lumière logiquement ombrée. Sans compter qu’à cela, s’ajoute la dimension psychologique du mystère, la sensation d’enfermement dans cette nature où tout pourrit, où tenter de maintenir les apparences malgré tout, devient dérisoire.

Comment avez-vous travaillé l’équilibre entre les deux traitements du film, le drame de l’exil et le thriller ?

Ça se construit petit à petit. Il faut commencer par faire connaître les personnages, comprendre pourquoi ils sont là, ce qu’ils cherchent. Ce que l’on donne à voir d’eux doit être suffisamment nourrissant pour que l’on s’y attache. Le côté délicat de cet aspect du film était que l’on doit suggérer en l’occurrence la torpeur, l’ennui, la neurasthénie qui s’emparent de ces personnages dans cette maison battue par les vents, au milieu de nulle part, où il n’y a rien à faire, où ils n’ont plus rien à se dire et où pourtant ils sont condamnés à rester ensemble. Il fallait que cet ennui soit suggéré sans qu’il envahisse à son tour le spectateur. En même temps, les personnages sont tous dans un jeu de faux-semblants qui génère le mystère, une énigme qui doit surprendre le spectateur jusqu’au bout. La caractérisation des personnages imposait donc une première partie de film où l’on partage leur vie dans l’adversité et le conflit jusqu’au moment où l’on "passe" dans le mystère, où l’on se pose de plus en plus la question : que s’est-il vraiment passé à Sainte-Hélène ? Cette partie "thriller" ne devait pas être déclinée comme un polar conventionnel où ne compte plus que la solution de l’énigme. Il fallait continuer à vivre avec les personnages tout en se nourrissant d’éléments qui permettent de comprendre la clé du mystère.

Le scénario a-t-il été modifié pendant le tournage ?

Non. J’envoyais régulièrement des mails à René Manzor mais pas sur le scénario. Il s’agissait plutôt de commentaires de tournage. Nous n’avons retouché le scénario avec René qu’après un premier montage du film. C’est le montage lui-même qui nous a imposé le rythme du film. C’est toujours la même question de ce qui tient sur le papier et ce qui tient à l’image. Un film se raisonne beaucoup moins qu’un script, il est de l’ordre de l’émotion. En la matière ce montage a été une vraie leçon pour moi.

Votre intrigue est-elle historiquement fondée ?

Je ne peux pas tout raconter. C’est un suspense. Je peux vous dire que j’ai consulté Jean Tulard. Rien dans ce que nous avons imaginé n’est impossible ou absurde. C’est une hypothèse. Nous avons construit une énigme policière autour d’une énigme historique. Ce qui est sûr, c’est que lorsqu’on a ouvert les deux tombes françaises de Sainte-Hélène, celle de Napoléon et celle de Cipriani, au moment du retour des cendres, en 1840, une des deux tombes était vide.

Copyright © 2006 - René Manzor