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  René Manzor

Monsieur N.

Extrait du dossier de presse, Février 2003

Interview 2

RENÉ MANZOR, Scénariste

Comment travaille-t-on un polar historique dont le héros s’appelle Napoléon ?

Comme pour tout scénario, avant l’écriture proprement dite, il y a plusieurs mois de recherche. Pour Monsieur N , c’est mon épouse, Marie, qui a effectué ce travail pour moi. Elle a lu tout ce qui a été écrit sur cette période. Et je n’aurais jamais pu écrire le scénario sans son aide précieuse. Elle m’a donné à lire ce que les historiens appellent « les Évangiles », c’est à dire les souvenirs de Las Cases, Gourgaud, Bertrand et Montholon. Ce qui m’a intéressé surtout, dans ces témoignages, ce sont les contradictions dont ils étaient truffés. J’ai comparé ces récits historiques aux rapports du gouverneur anglais Hudson Lowe, rapports que l’on peut consulter à la British Library de Londres. J’y ai trouvé d’autres contradictions. Ce sont sur ces contradictions que j’ai bâti mon récit. J’ai laissé libre court à mon imagination pour répondre aux questions auxquelles l’Histoire ne répondait pas. Et notamment à celle que posaient mes producteurs : que s’est-il passé vraiment à St Hélène ?

Comment avez-vous procédé ensuite ?

Le plus compliqué, c’est toujours la structure, le plan d’un film. Cela me prend en général le tiers de mon temps de travail. C’est là que se dessinent l’intrigue et les personnages qui vont s’affronter. Très vite, j’ai su que cette histoire ne devait pas être racontée par un fidèle de l’Empereur comme c’était le cas dans les mémoires que j’avais lues, mais par l’ennemi. Ce paradoxe m’intéressait et écartait toute lecture chauvine. Ainsi est né Basil Heathcote, 20 ans, officier d’ordonnance attaché à Longwood. Lorsque le film commence, il sort de l’école militaire. St Hélène est sa première affectation. Heathcote est le seul personnage fictif du scénario, bien que sa fonction soit historique. Betsy, Cipriani et tous les autres ont réellement existé. Leur implication dans le script, tout comme l’intrigue, les coups de théâtre s’appuient sur des faits authentiques. Toutes les questions sans réponses de l’Histoire, toutes les contradictions de la vérité admise sont là. Seules les hypothèses que nous développons sont romanesques.

Vous avez travaillé la relation Napoléon-Hudson Lowe selon ce principe ?

Dans les témoignages des contemporains, Hudson Lowe apparaît comme le dindon de la farce. La détention est, en soit, tellement dramatique qu’il n’est pas nécessaire d’être partial, comme le sont les témoins de l’exil. N’oublions pas que ces témoins étaient prisonniers eux aussi. J’ai dû renforcer le personnage de Lowe. Un antagoniste fort rend le protagoniste d’une histoire plus héroïque. Le récit n’en apparaît que plus dense, plus tendu. Jules César n’a pas vanté la bravoure de Vercingétorix sans raison. Il fallait un affrontement digne de la légende napoléonienne.

Le dialogue a-t-il nécessité un travail spécifique ?

Oui, dans le sens où même si, avec les producteurs, nous tenions à une certaine modernité dans les échanges entre les personnages, il fallait aussi se rapprocher le plus possible de la syntaxe et du vocabulaire de l’époque. En lisant les lettres de Napoléon et différents écrits de ses contemporains, j’ai été frappé par le fait que la plupart parlait par métaphore. J’ai donc choisi de privilégier cela plutôt que le vocabulaire du 19e.

Combien de versions du scénario y a-t-il eu ?

Sept. La première remonte à 99. Elle contenait déjà l’essentiel de ce que l’on voulait raconter avec Pierre Kubel et Marie-Castille. Mais l’histoire avait une dimension beaucoup plus épique que la version d’aujourd’hui. Le principal travail de réécriture a consisté à recentrer le script sur le mystère, ainsi que sur le drame intime qui se joue.

Avez-vous fait des séance de travail avec Antoine DE CAUNES ?

Bien sûr. Au départ, Antoine ne voulait absolument pas toucher au scénario. Il avait lu la version 5 et avait eu le coup de foudre. Il avait peur de perdre ce qui l’avait ému, au cours du rewrite. Moi, je n’avais pas retravaillé au scénario depuis six mois. J’avais donc pas mal de recul. Je voulais recentrer le script sur le mystère, sur son côté « polar ». Ce qui a beaucoup plu à Antoine. Un mois plus tard, je lui remettais la version 6. Il m’a fait de précieux commentaires et j’ai effectué un dernier travail de polissage. C’est cette mouture qu’il a mise en scène. Durant le tournage, nous avons continué de collaborer par emails. On s’est revu au montage pour un ajustement des voix off, alors que j’étais à une semaine de commencer le tournage de mon nouveau film Dédales.

En voyant le film monté, avez-vous constaté des changements de dialogues ?

Non. Antoine a été très respectueux du texte. Il ne voulait pas casser l’équilibre des phrases, des mots et de la syntaxe, cette odeur de 19e siècle.

Peut-on parler d’un thriller ou d’un polar ?

Je préfère « mystère » parce que c’est un genre de tradition française. Du reste, lorsque les américains touchent à ce genre, ils l’appellent « film noir ». Dans le mystère, rien n’est prouvé et tout pourrait être réel. C’est exactement le cas de ce scénario. Les gens de la Légion d’Honneur l’ont lus, mais aussi Jean Tulard, (historien, spécialiste de Napoléon). Ils ont été troublés par les réponses que nous apportons aux questions sans réponses de l’Histoire.

Copyright © 2006 - René Manzor