Celui dont le Nom n'est plus
Critique
L’EXPRESS
PEURS AU VENTRE
Tués et éviscérés... René Manzor met en scène des meurtres rituels sans verser dans la caricature. Un polar dense.
S’il peut se révéler périlleux pour un auteur français de cultiver une veine anglo-saxonne, René Manzor, lui, y est vraiment à son aise. Après un premier thriller remarqué, Les Ames rivales, qui se situait outre-Atlantique, ce scénariste et réalisateur de télévision (Julie Lescaut, notamment) nous embarque cette fois outre-Manche, à Londres - à Scotland Yard, tant qu’à faire !
McKenna, le plus ancien gradé de la maison, colosse irlandais de 54 ans, se retrouve avec une sale affaire sur les bras : le meurtre d’un éminent ressortissant américain, éventré et éviscéré avec soin, selon un rite funéraire très précis. Tout accuse la gouvernante de la famille, or cette vieille femme est attachée à la victime comme à son propre fils.
Ésotérisme, hypnose et don d’organes
Incompréhensible. Deux jours après, rebelote, avec un homme lui aussi supplicié par une personne qui l’adorait. Vingt-quatre heures plus tard, même topo. Les coupables, chaque fois confondus, ne se connaissent pas et semblent avoir agi dans un état second. Tous ont laissé la même épitaphe sur la scène de leur crime : "Puissent ces sacrifices apaiser l’âme de Celui dont le Nom n’est plus"...
L’aide d’une criminologue dépêchée par le FBI, spécialiste en satanisme et meurtres rituels, ne sera pas de trop pour McKenna, qui y perd son latin. Ce n’est pas le cas du lecteur, que le romancier guide fermement tout au long de cette intrigue originale, sans verser dans le gore, où il est aussi bien question d’ésotérisme, d’hypnose que de don d’organes.
Si le style reste assez classique, les dialogues sont finauds et les premiers rôles forts en gueule. A commencer par le véritable tueur, dont l’identité, vite révélée, fascine jusqu’au bout.
Delphine Peras, 14 Juin 2014
Celui dont le Nom n’est plus, par René Manzor. Kero, 394 p., 20€.
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