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  René Manzor

L'Ombre des Innocents

Critique

RENÉ MANZOR, UN MAGICIEN DU SUSPENSE
L’écrivain et cinéaste sait placer son lecteur sous tension. Démonstration avec son nouveau roman, l’efficace « L’Ombre des innocents ».

Petit, René Lalanne adorait écouter les histoires que lui lisait sa mère. Jusqu’au soir où, priée par son fils d’imaginer une aventure originale, elle lui a retourné la proposition : « Toi, raconte ! » L’enfant s’est alors mis à inventer des récits pour sa mère, en multipliant les rebondissements afin d’étirer ce moment intime et délectable. Chaque jour, il vérifiait sur sa montre s’il avait gagné un peu de temps par rapport à la veille.
Près de soixante ans plus tard, le Shéhérazade de Mont-de-Marsan est devenu un maître des histoires qui empêchent de dormir, sous le pseudonyme de René Manzor - « le nom de ma maman, qui sonne comme celui d’un magicien », confie-t-il au « Monde de livres ». Témoin, L’Ombre des innocents, son septième roman. Un polar efficace, futé et formidablement bien rythmé.
D’emblée, Manzor place son lecteur sous tension. Trois enfants viennent d’être exécutés à bout portant dans trois pays différents, et leurs dépouilles abandonnées avec, au cou, un collier de chien portant un numéro : « uno », « dos », « tres ». Qui sera le suivant ? A peine quelques chapitres sur les premiers pas de l’enquête, menée en duo par une ­policière française et un Néerlandais d’Europol, quand survient un coup de théâtre : une écrivaine est arrêtée dans le bureau de son éditeur. « Son ADN est sur l’arme qui a tué », justifie la commandante. La romancière crie son innocence. Mais comment la prouver, et dénicher le vrai tueur ? Ni une ni deux, ­l’accusée s’évade.

Creuser le sujet
Ses histoires, René Manzor les a d’abord construites pour le cinéma. A 25 ans, il a obtenu la confiance d’Alain Delon, qui a interprété et produit son premier long-métrage, Le Passage (1986). Trois autres ont suivi. « Ensuite, j’ai eu des difficultés à monter des films en gardant le “final cut”, et je me suis tourné vers la télévision puis la littérature, retrace l’auteur. Mais quel que soit le médium, il faut une très bonne histoire, et j’ai un ­plaisir fou à les concevoir. En la matière, j’ai beaucoup appris aux Etats-Unis où j’ai travaillé dix ans." George Lucas et Steven Spielberg l’ont notamment choisi pour réaliser plusieurs épisodes de la série Young Indiana Jones. "Là-bas, le travail sur le scénario est essentiel. Quand les scénaristes se mettent en grêve, tout s’arrête !"
Avant de commencer à écrire, Manzor creuse donc ses sujets et peaufine l’enchaînement des péripéties. Pour L’Ombre des Innocents, il a étudie l’usage de l’ADN durant l’enquête et les limites de cette "preuve reine". "En réalité, l’ADN n’est pas analysé dans sa totalité, explique-t-il. Cela suffit pour innocenter un accusé, pas pour identifier un suspect de façon absolue. Il reste un taux d’erreur d’environ 1%. Qui serait prêt à monter dans un avion avec 1% de risque de crash ?
Une fois l’intrigue établie, René Manzor se glisse dans la peau de ses personnages pour leur donner une complexité susceptible de susciter l’empathie. "Ici, je me posais sans cesse la question : comment cette mère en cavale va-t-elle s’en sortir, alors qu’elle n’a pas de savoir-faire criminel, même si elle écrit des romans policiers ? se remémore-t-il. Heureusement, elle a tout un passé et de l’imagination !"
L’écrivain pourrait en dire autant. Sur son passeport, il a d’ailleurs ajouté son nom de "magicien" à celui hérité de son père. "Preuve que réalisme et fiction peuvent se rejoindre, même sur des papiers officiels", conclut-il.
(Par Denis Cosnard - Le Monde)

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